Le métier d'archiviste, préserver et valoriser les fonds

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#Rencontre #Métiers d'art #Culture

Le métier d’archiviste, ça vous parle ? Figure centrale dans la conservation et la transmission des documents anciens, ce métier reste cependant méconnu. Il mérite qu’on s’y intéresse davantage. Le témoignage de Camille Pin, archiviste en charge des publics et de la communication aux Archives communales va nous y aider. C’est l’occasion d’avoir un nouveau regard sur ce métier, bien plus étonnant qu’on ne peut le croire. Et de s’éloigner des habituels clichés ! 

Son parcours

Intéressons-nous au parcours quelque peu atypique de Camille. Elle souhaite entrer à l’école des Chartes, une grande école formant les archivistes-paléographes et les conservateurs du patrimoine. Deux ans de classes préparatoires sont nécessaires pour passer le concours d’admission. Après une année de classe préparatoire, elle entre en licence d’histoire. Elle poursuit en Master 1 Culture de l’écrit et de l’image à l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques. Elle se forme au métier de conservateur en bibliothèque dans le privé et le public. Sa seconde année dans le Master administration des archives à Lyon lui permet de faire plusieurs stages à la communauté d’agglomération du Grand Lyon et à l’université de Montpellier. Le diplôme de master est suffisant pour devenir archiviste et plusieurs universités proposent cette formation. En septembre 2017, Camille rejoint l’équipe des Archives communales de Versailles en tant que chargée des publics et de la communication.

Ses missions

Camille est archiviste chargée des publics et de la communication. “Je fais le lien entre les usagers et les documents afin de montrer que les archives ne sont pas que des vieux papiers. Il peut y avoir des choses récentes et intéressantes à l’intérieur. Ce qui me motive dans ce métier, c’est d’être au contact de l’histoire car il participe à la compréhension du présent.”

Camille possède plusieurs missions principales. Elle est responsable de la page Facebook et gère la page des l’établissement sur le site internet de la ville. Concernant la médiation, elle collabore à la création d’expositions en travaillant avec l’ensemble des archivistes du service. Elle sélectionne les documents, participe à la rédaction des cartels (support de description des documents) et des textes explicatifs s’adressant au public. La dernière exposition s’intéresse à l’histoire et à l’évolution du quartier de Versailles Chantiers. Une nouvelle exposition est prévue pour 2024. Camille met en œuvre des actions de médiation et des ateliers pédagogiques pour les scolaires dont le projet Guides en herbe. Grâce à cette médiation, les élèves de CM2 travaillent avec une guide conférencière afin de construire des visites sur un lieu qu’ils présentent aux parents. C’est une chance pour la ville d’avoir une personne s’occupant de la médiation car certains services d’archives n’ont pas encore développé ce domaine. 

Ses missions secondaires l’amènent à s’occuper du fond iconographique comportant des cartes, photos et plans. La responsabilité de l’ensemble des fonds est répartie entre les archivistes du service, chacun ayant à sa charge certaines périodes historiques ou natures de document.  “Les archivistes sont des passeurs de mémoire. On fait en sorte que le passé soit transmis de génération en génération.” Elle est aussi chargée du projet d’un site internet regroupant des archives numérisées sur le même modèle que La Sirène à la bibliothèque centrale. La transition vers le numérique est en marche même !

Elle accueille aussi le public en salle de lecture. “On oriente le public vers des fonds spécifiques ou des types d’archives selon leur recherche. Pour l’histoire de Versailles, il faut cibler une époque, une année ou un quartier car ce thème concerne l’ensemble des fonds. On propose des instruments de recherche afin de bien cibler leur demande.” Elle s’assure que les personnes respectent le règlement et qu’aucun vol d’archives n’est réalisé. Lors des Journées Européennes du Patrimoine, les archivistes sont mobilisés afin de réaliser des visites guidées accessibles à tous. Ils permettent de découvrir l’intérieur des Archives Communales et les magasins qui sont des espaces de conservation des documents (voir photo 4). Dernièrement, Camille et certains archivistes ont fait des visites guidées pour les agents de la ville et les maisons de quartier de l’exposition sur le quartier de Versailles Chantiers.

Un épisode qui l’a marqué ? “Des lecteurs voulaient faire des photos d’un plan. Ils souhaitaient monter sur une chaise ou mettre le plan par terre. Cette méthode n’est pas autorisée car il faut préserver la sécurité du document et des personnes”. Certaines personnes ont des idées bien farfelues !

Un travail en équipe et polyvalent

Être archiviste, c’est savoir travailler en équipe et être polyvalent. L’équipe est composée de 6 personnes : un directeur, une directrice adjointe en charge des archives contemporaine, des relations avec les services versants et de l’archivage électronique; une archiviste responsable des fonds modernes et privés, de la conservation préventive et des archives de la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc; Camille Pin en charge des publics, de la communication et des fonds iconographiques; une assistante chargée de l’accueil et du secrétariat et un magasinier qui s’occupe du transferts des documents communiqués au public et de la manutention dans les magasins d’archives. L’établissement est rattaché à la direction des Affaires culturelles de Versailles.

L’équipe travaille de manière transversale sur des projets lors de la création des expositions et l’accueil du public dans la salle de lecture. Camille participe aussi à l’accueil des lecteurs très régulièrement. “Il faut savoir s’adapter à toutes les situations assez rapidement. Il faut être rigoureux dans le classement et se tenir régulièrement informé des circulaires ministérielles pour les éliminations d’archives.” On n’a pas le temps de s’ennuyer quand on est archiviste !

Un métier loin des clichés

Nous avons une fausse image du métier d’archiviste car il reste méconnu” mentionne Camille. Il est temps d’avoir un nouveau regard sur ce métier qui est bien loin de ce qu’on peut imaginer ! Les Archives n’intéressent pas seulement les personnes âgées. Figurez-vous que la moyenne d’âge de l’équipe d’archivistes est de 35 ans ! Les archives ne sont pas un endroit rempli de poussière car ce sont les pires ennemis des documents. “Le ménage est fait tous les ans car la poussière favorise le développement de moisissures.” Les documents sont régulièrement surveillés par l’équipe afin d’éviter le développement des moisissures car c’est un risque majeur pour la conservation des documents. Conserver les documents dans des caves et des greniers ? Sûrement pas car il faut des locaux et des boîtes adaptés pour conserver les documents anciens. Les documents sont conditionnés dans des boîtes  « Cauchard » (du nom de leur fabricant).

Ça tombe bien car le bâtiment des Archives communales est bien équipé. Des capteurs permettent de mesurer la température et l’hygrométrie ainsi que des dispositifs incendie et anti-intrusion. Les documents ne sont pas seulement de vieux papiers mais ils sont aussi sous format numérique. Les Archives communales ont pour projet de mettre en place un archivage électronique permettant de centraliser un grand nombre de documents numériques.

Nous sommes nombreux à penser que la manipulation des documents anciens nécessite l’usage de gants. En réalité, c’est l’inverse ! “Un lavage de mains suffit pour manipuler les documents. On demande au public de conserver les dossiers dans le bon ordre et de faire attention quand ils les manipulent. Les gants ne sont pas forcément bons pour les documents.” En effet, ils augmentent le risque de déchirer le document car on ne s’en rend pas compte en le manipulant.

L’élimination sauvage, c’est la bête noire des archivistes. Derrière ce mot se cache une pratique de certains services producteurs de documents. Ceux-ci éliminent des archives sans même prévenir les archivistes. Il ne faut pas les détruire de cette manière car il faut respecter une procédure stricte en analysant le contenu des documents et en remplissant un bordereau d’élimination. Il sert à prouver que les archives ont été éliminées selon la réglementation en vigueur. “Quand il y a des services qui nous disent qu’ils ont tout mis à la poubelle, on râle un peu. Les archivistes sont très vigilants afin de limiter cette pratique.”

Cette rencontre nous a permis de découvrir les secrets de ce métier encore peu connu. Versailles a la chance de posséder des fonds exceptionnels grâce à son illustre passé et d’avoir une équipe d’archivistes veillant sur ces documents. Il ne s’agit pas seulement de conserver les documents mais aussi de les rendre accessibles au public en salle de lecture ou par le numérique. Chaque jour, les archivistes veillent sur cette mémoire collective qui permet de mieux comprendre notre présent. Rendez-vous sur cet article pour découvrir l’histoire et les fonds remarquables de l’établissement.

Merci à Camille pour son accueil et pour sa disponibilité ainsi qu’à la direction des Archives communales, pour son aide.

Archives communales
Grandes Écuries du Roi
1 avenue de Paris
78 000 Versailles
01 30 97 28 79

 

Horaires d’ouverture :
Du mardi au vendredi de 13h30 à 17h
Sur réservation au 01.30.97.28.80 ou par mail à archives.communales@versailles.fr
Retrouvez leur actualité sur le site internet  de la ville et sur Facebook

 


Article rédigé par Cindy Yesli dans le cadre du projet "Raconte-moi Versailles"