La Cour Roland : un lieu d'art et de tradition en pleine évolution
#Patrimoine
Située à Jouy-en-Josas, la Cour Roland propose 25 ateliers d’art différents sous un même toit. Céramique, dessin, peinture, dorure sur bois, Encadrement, gravure, marqueterie, moulage, peinture décorative, reliure, restauration de tableaux, vitrail, il y en a pour tous les goûts ! L'établissement se distingue par la qualité de ses enseignants et son atmosphère particulière. Chaque cours, réunissant des participants de tous niveaux, offre une approche personnalisée, encourageant la créativité individuelle.
La diversification des métiers d'art permet de toucher un large public. Chaque participant, quels que soient son niveau et son expertise, bénéficie d'un accompagnement personnalisé. Des initiatives comme des cours d'histoire de l'art sont envisagées pour élargir l'offre.
Afin d'encourager la participation des jeunes, un groupe de travail explore des disciplines nouvelles telles que le street art et le pochoir.
Enfin, la place du numérique est en réflexion. Bien que des contraintes matérielles se posent, des idées telles que des cours de sculpture avec des imprimantes 3D sont explorées. Les webinars restent une piste à creuser pour introduire certaines disciplines, offrant ainsi une touche de modernité tout en préservant les valeurs traditionnelles de la Cour Roland.
Entretien du directeur de la Cour Roland Jean-François Guillerm
- Depuis quand occupez-vous le poste de directeur de la Cour Roland ?
Cela fait plus de 10 ans que je suis adhérent à la cour Roland. Passionné depuis toujours par le bois j’ai suivi les ateliers d’ébénisterie et d’encadrement par la suite.
En novembre 2022, je suis rentré au conseil d’administration comme trésorier. Puis en novembre 2023, l’ancien président a annoncé qu’il ne se représenterait pas. Je me suis alors proposé pour reprendre le flambeau.
Je souhaite mettre mon expérience de gestion d’équipe pour faire en sorte que le conseil d’administration, constitué de personnes qui ne se connaissent pas et qui viennent d’horizons totalement différents puissent travailler ensemble de manière la plus efficace possible.
- Comment avez-vous découvert ce lieu ?
Je cherchais un endroit où pratiquer l’ébénisterie et je ne trouvais pas. J’en ai alors essayé plusieurs autour de Versailles sans trouver ce qui me convenait. Puis, c’est tout à fait par hasard que quelqu’un m’a conseillé la Cour Roland. C’est comme cela que j’ai découvert cet endroit.
- Selon, vous quelles sont les forces et les atouts de la Cour Roland, donnez-nous votre première analyse sur le lieu ?
Sa force est évidemment la qualité de ses enseignants. Ils sont passionnés par ce qu’ils font et cela se ressent. Il y a aussi l’ambiance, car pour moi ce bâtiment a une âme, venir ici est quelque chose de très agréable. Ce sont les deux choses les plus flagrantes selon moi.
L’un des atouts majeurs est de posséder 25 ateliers différents au même endroit Il y a beaucoup d’adhérents comme moi, venus pour un atelier en particulier qui se laissent ensuite tenter par d’autres chacun peut s’ouvrir et essayer d’autres disciplines que celle pour laquelle il était venu à l’origine. L’autre point, est que l’on n’est pas assimilé à un niveau. Dans chaque cours, il y a tous les niveaux, chacun vient avec des objectifs différents et le professeur s’adapte à chaque projet. Vous avez donc dans la parole et les conseils des enseignants, une approche complétement personnalisée. C’est votre œuvre, votre cadre, votre meuble, votre peinture sur laquelle vous travaillez.
- Comment gérez-vous les associations affiliées et comment tout cela s'articule-t-il ?
Une autre aile du bâtiment accueille l’association Relais Nature, de l’intercommunalité Jouy-en-Josas et Vélizy-Villacoublay. Il y a aussi les cours de tennis. Mon rôle est seulement affilié aux 25 métiers d’art et leurs ateliers, je ne gère que cette partie du domaine de la Cour Roland.
- Estimez-vous qu’il soit nécessaire d’encourager la participation des jeunes aux ateliers ?
Oui très clairement. C’est aussi une demande de Marie-Hélène Aubert, la maire de Jouy-en-Josas, qui aimerait que nous entamions des réflexions afin d’ouvrir l’offre culturelle et artistique pour pouvoir attirer les jeunes. Maintenant c’est à nous de trouver des disciplines artistiques qui pourraient les inciter à venir. Pour cela nous avons décidé de constituer un binôme constitué d’un membre du conseil d’administration et de la représentante des enseignants. Tous deux vont travailler avec l’ensemble des enseignants pour définir une stratégie d’évolution concernant le contenu artistique et culturel.
Nous avons également commencé à évoquer l'intégration de disciplines nouvelles telles que le street art ou le pochoir. Est-ce que ces disciplines pourraient faire venir des jeunes de moins de 25 ans ? C’est une grande question et il faut que nous y répondions ensemble avec le groupe de travail pour faire émerger collectivement les idées les plus adaptées pour le futur de la Cour Roland.
Un autre défi est de trouver des formules de cours ou de stages plus adaptées aux actifs. Certes nous avons des cours du soir de 18h30 à 21h00, seulement le délai est trop court pour des personnes qui travaillent un peu plus loin. Nous proposons des cours le week-end mais nous pourrions certainement faire plus. Nous allons donc réfléchir pour que les actifs aient plus de possibilités de venir profiter des ateliers.
- Avez-vous constaté une baisse d’adhérents due au Covid ?
Nous en avons perdu en effet beaucoup depuis la crise du Covid qui ne sont pas tous revenus. Ma priorité pour le moment est donc que nous arrivions à faire de nouveau parler de la Cour Roland pour toucher des personnes qui ne nous connaissent pas afin d’attirer de nouveaux adhérents. Il y a donc de nombreux chantiers à ouvrir, notamment celui de la communication. L’autre projet est celui du contenu culturel. Il faut que nous arrivions à avoir des disciplines qui couvrent une plus grande partie des métiers d’art
- Comment envisagez-vous l'évolution de la Cour Roland dans le futur ? Comment cette institution s'inscrit-elle dans la continuité et la modernité ?
Le binôme dont j’ai parlé précédemment a pour mission de répondre à cette question ! Je suis convaincu que la Cour Roland a tous les atouts pour évoluer et combiner harmonieusement la tradition et la modernité.
Ce sont les enseignants qui vont travailler ensemble pour faire des propositions d’évolution, en douceur et avec un horizon de 3 ans, tout en tenant compte de la réalité comme la configuration du bâtiment. Les enseignants avec qui j’ai échangé sur ce sujet ont tous des idées à la fois sur le contenu mais aussi sur le format. Je leur fais confiance pour construire un plan à la fois ambitieux et innovant tout en restant réaliste !
- La Cour Roland met l'accent sur l'accessibilité à l'art. Pouvez-vous nous expliquer quelles mesures sont mises en place et prévues pour atteindre cet objectif ?
L’accessibilité à l’art signifie que quel que soit votre niveau, vous allez immédiatement avoir un professeur extrêmement qualifié. Du débutant au plus expert, vous êtes le ou la bienvenue et serez accompagnés dans votre parcours de façon vraiment individuelle sans jugement, sans critique, sans classement de niveau. L’ébénisterie est un atelier à part puisqu’il est le seul à posséder un parcours obligatoire avec des étapes dues au maniement des machines, et donc à la sécurité.
Dans les autres cours, l’accessibilité se traduit par le fait qu’il y ait un seul professeur pour tous les niveaux. Nous avons également tenté l’année dernière de mettre en place des cours d’histoire de l’art destinés à ceux qui n’ont pas forcément envie de s’inscrire tout de suite en atelier, mais qui souhaitent se cultiver. Cette initiative n’a pas forcément fonctionné du fait du manque de communication mais il faut que nous réessayions car c’est une idée qui mérite d’avoir sa place au près des 25 autres ateliers.
- Enfin, comment envisagez-vous la place du digital dans la Cour Roland ? Pensez-vous à des initiatives telles que des webinars pour apporter une touche de modernité ?
Nous avons réfléchi l’année dernière sur la possibilité de faire des cours de sculpture avec des imprimantes 3D ou de la photo numérique assez sophistiquée. À chaque fois, on se heurte à la même contrainte : il nous faut du matériel et de la surface que nous n’avons pas.
D’autres difficultés sont aussi présentes comme le fait de convaincre que l’art plus classique et traditionnel peut tout à fait cohabiter avec de l’art plus moderne. Il y a donc un travail de mentalité à faire évoluer mais c’est une chose que nous pouvons faire sans problème.
En ce qui concerne les webinars, nous ne disposons de cette technologie c’est une piste à creuser. Maintenant, peut-on apprendre à faire de l’encadrement ou du cartonnage en version web ? Pourquoi pas. Il y a peut-être certaines disciplines que l’on pourrait introduire via ces technologies en effet, mais cela reste du très long terme.